Après avoir saturé le plateau picard de parcs éoliens au point de le défigurer*, un territoire de grands champs ouverts sans relief donc propice à l’éolien, les promoteurs, ne trouvant plus de terrains libres, ont commencé à regarder vers le sud. Ainsi les projets éoliens se sont multipliés ces derniers temps en Seine-Maritime comme dans l’Eure, dans des zones bien moins favorables et parfois des plus invraisemblables.
Plateau Picard saturé, le pays de Bray normand nouveau terrain de chasse
Après avoir saturé le plateau picard et le nord du département, les promoteurs arrivent dans le sud du département !
Ainsi, en 2022, la société privée Nouvergies, société pour le développement des énergies renouvelables fondée par Jean-Claude Bourrelier, fondateur également de Bricorama, a annoncé son intention de créer un petit parc éolien sur notre territoire.
Les 3 éoliennes d’Hodeng-Hodenger : des géants de fer
Il s’agirait de 3 éoliennes géantes de 177 mètres de haut et de forte puissance, sur un terrain agricole de quelques hectares au lieu-dit des Blancs Guérets, entre les communes d’Hodeng-Hodenger, Brémontier-Merval et Beauvoir-en-Lyons, à quelques centaines de mètres du domaine et du château de Merval, de la forêt de Lyons et de la zone Natura 2000 du « Pays de Bray humide », ainsi que de nombreuses habitations, certaines à tout juste 500 mètres.
Zone d’implantation : le pire choix possible
En mars 2023, un mât de mesure de 101 mètres de haut est érigé sur le territoire communal d’Hodeng-Hodenger, sans aucune concertation préalable avec les habitants de la commune, qui ont découvert, sidérés, l’existence d’un projet juste devant chez eux. Et au-delà, ce sont les habitants des communes voisines de Brémontier-Merval et Beauvoir-en-Lyons qui sont impactés, et les sites historiques classés : l’église et la chapelle d’Hodeng-Hodenger, et surtout le domaine de Merval et son château, joyau du patrimoine normand, lycée agricole et verger conservatoire pionnier, beaucoup trop proche, à moins de 1000 mètres.
Alors que, dans le périmètre du château, il n’est pas possible de peindre un volet sans l’accord des Bâtiments de France, et alors que la région Normandie s’apprête à investir des millions d’euros pour faire construire un gymnase pour les élèves du lycée, semi-enterré pour ne pas déparer le domaine du 17ème siècle, on permettrait à un opérateur privé d’ériger, aussi près du château, des aérogénérateurs de près de 200 mètres de haut ?
Une autorisation préfectorale pour un tel projet serait d’autant plus incompréhensible que cette zone, comme toute la boutonnière du pays de Bray, n’est pas considérée comme propice au développement éolien depuis le premier Schéma Régional Eolien de 2011.
Et pourtant, un parc éolien existe déjà sur ce territoire peu propice, sur les hauteurs d’Avesnes-en-Bray et de Beauvoir-en-Lyons, dominant la boutonnière au-dessus d’Elbeuf-en-Bray. Et justement, ce parc qui s’est déjà étendu en 2022, passant de 6 à 10 éoliennes mentionne dans son étude de paysage (consultable en ligne) la sensibilité du site Merval, pourtant situé à 6 kilomètres.
Un nouveau parc d’aérogénérateurs géants, beaucoup plus proche, domineraient complétement paysage et monuments au point de dénaturer complétement ce lieu. C’est pourquoi, au sein de l’association, nous sommes déterminés à alerter, informer et dénoncer un tel projet pour qu’il ne soit finalement pas autorisé.
La nécessaire lutte contre le réchauffement climatique ne saurait être une raison suffisante pour sacrifier notre patrimoine et notre qualité de vie, d’autant que l’efficacité de la politique énergétique actuelle est loin d’être prouvée.
* il n’y a qu’à se rendre dans les environs de Poix-de-Picardie ou de Roye dans la Somme pour le constater.